Tarif de traduction au mot ou le retour au bon sens

Tarif de traduction au mot

Personne ne s’étonne guère que des marques dites « de luxe », connues de tous, proposent des produits ou des services dits « de luxe » à des prix extrêmement élevés. Tout le monde est capable de faire la distinction entre le prix de l’objet et sa valeur, c’est-à-dire le travail, les compétences, le savoir-faire, le temps, la réflexion qu’il a été nécessaire de fournir pour le créer, ainsi que le service nécessaire à sa commercialisation, sans oublier sa longévité : les objets de luxe sont souvent transmis de génération à génération, autant d’éléments qui justifient leur prix final.

Quel lien avec la traduction me direz-vous ?

Tarif de traduction au mot

Dans le secteur de la traduction, le tarif de traduction est calculé au mot, dans certains pays, par feuillet qui comporte entre 250 et 300 mots. Cette méthode de calcul présente l’avantage de permettre au traducteur de proposer un devis pour l’ensemble d’un projet au client, sert de base à la négociation et constitue un critère de comparaison permettant au client de mettre en concurrence plusieurs traducteurs. Procéder de la sorte est, certes, pratique, mais la démarche fait fi de tous les autres aspects essentiels qui composent le tarif de traduction.

Un service plutôt qu’un produit

Tarif de traduction au mot

 

 

Le principal inconvénient de cette méthode de calcul du tarif de traduction consiste à faire passer un service pour un produit : seulement la traduction est un exercice qui échappe aux lois du marché de produits de quelque nature que ce soit et le tarif de traduction ne peut être compressé à l’infini. Ce qui pourrait être une « bonne affaire » pour une marchandise, pourrait vite tourner au cauchemar concernant une prestation de traduction.

Alors que le mot est une notion toute relative……

En considérant le tarif de traduction au mot comme une unité de vente, on occulte l’essence même de l’exercice : un traducteur ne traduit pas « les mots », il traduit des idées, des concepts, un style, des émotions, des univers, dont les mots ne sont que le véhicule. Cette démarche « mathématique » ne tient pas non plus compte de l’expérience du traducteur, de ses compétences qui sont le résultat des années de travail, d’apprentissages en tous genres, de formations que le traducteur suivra tout au long de sa carrière, ni des tâches chronophages, telles que la recherche du vocabulaire, la réflexion, la lecture des longues textes juridiques, par exemple, pour comprendre parfois un simple paragraphe d'un texte à traduire….sans parler d'une fastidieuse mise en page.

... les chiffres parlent d’eux-mêmes.

Tarif de traduction au mot

En plus d’être une tête pensante, un traducteur est une personne soumise comme tout un chacun aux impôts et taxes, devant assumer des coûts des formations, de la santé, de ses vacances et loisirs, de sa retraite. En raisonnant en termes du tarif de traduction au mot, on ne pense jamais au coût salarial, comme le font les chefs d’entreprise. Combien d’heures par jour passera un traducteur à peaufiner son texte pour parvenir à une qualité optimale, mais aussi à répondre au téléphone, échanger avec son client, apporter des modifications à un texte traduit pour satisfaire son client, alors qu’il travaille déjà sur un autre projet ? Cela représente des journées de travail dépassant de loin les huit heures réglementaires, sans compter les week-ends qui, pour bon nombre d’indépendants, sont rarement synonyme de repos. 

La valeur ajoutée a un prix

Tarif de traduction au mot

Chaque texte est différent. Un traducteur, même le plus expérimenté, se trouve à chaque fois face à une nouveauté. La traduction est un éternel recommencement : trouver une expression plus juste encore, un style plus élégant, coller encore mieux à l’esprit du texte. Suivant leur complexité, certains documents demandent plus de temps et d’efforts que d’autres, tout comme dans votre entreprise, les projets se suivent et posent sans cesse de nouveaux défis. Essayer de négocier le tarif de traduction à la baisse se résume alors à rogner sur la qualité et sur la valeur ajoutée, qui, pour ce qui est de l’écriture, ne veut pas dire le superflu, mais l'essentiel.

Luxe « low cost » ? Tout au plus un oxymore……

Une réduction outrancière du tarif de traduction au mot conduit inexorablement à dépouiller la prestation. En appliquant un tarif dans le but d’éliminer ses concurrents, le traducteur change (sans en avoir conscience ?) de mission. Contraint ainsi, pour « éliminer » ses concurrents, à débiter de quantités inhumaines de mots par jour pour espérer survivre, il n’a plus le souci du public cible, du style, ni de ce qu’on appelle la valeur ajoutée d’une traduction, c’est-à-dire, l’essentiel qui rend justice à votre texte et vous permet, in fine, de vous distinguer des autres. 

Les risques

Tarif de traduction au mot

Exit la recherche du vocabulaire ou les allers – retours client pour aborder les passages obscurs du texte et pointer les éventuelles imprécisions (car le traducteur est souvent le seul à effectuer une lecture approfondie de votre texte source, et le seul susceptible de l’améliorer). Sans rappeler qu’un traducteur pas cher et rapide comme un éclair, acceptera tout texte (eh oui, le temps presse, et le temps c’est de l’argent), sans même regarder de quoi il s’agit. C’est une fois la mission acceptée, qu’il se rendra compte de l’étendue de la tâche et là, il est souvent trop tard. Pour faire un parallèle, posez-vous la question de savoir si, pour vous rendre à l’autre bout du monde pour négocier un contrat qui peut apporter gros à votre entreprise, vous prendriez un vol low-cost. Chiffonné, après avoir passé une mauvaise nuit, vous auriez besoin d’une journée pour être opérationnel car, à défaut, en vous présentant devant votre client en l’état, vous feriez non seulement mauvaise impression, mais risqueriez de ne pas avoir l’esprit assez clair pour négocier … . Eh bien, après un marathon de mots, (car il ne s’agit plus d’idées), un traducteur sera comme vous après le vol « low cost », exténué. Son seul but ne sera pas votre satisfaction, son but sera de terminer au plus vite.

Et si la vraie avancée était le retour au bon sens

Rendons-nous à l’évidence, la stratégie belliqueuse qui consiste à éliminer tout éventuel « concurrent » appartient au passé. Elle n’a pas non plus réellement fait ses preuves lorsqu’elle était « en vogue ». Il n’y a qu’à regarder autour pour se rendre compte que seules les initiatives de collaboration sur la base « win-win » donnent entière satisfaction à l’ensemble des personnes concernées, elles créent des liens, permettent de connaître l'activité de l'autre, de mieux l'aider. Cela est d’autant plus vrai concernant la traduction.

La langue – un patrimoine

Tarif de traduction au mot

Sans occulter les technologies les plus sophistiquées de traduction assistée par ordinateur, nous pouvons affirmer que la traduction demeure, et cela n’est pas prêt de changer, une activité intellectuelle « artisanale ». On parle bien de l’« art de traduire », car il s’agit bien d’un art de bien maîtriser la langue. Notre langue était là avant nous et sera toujours là, longtemps après nous, et ceux qui la manient se doivent de la respecter. Une traduction est en ce sens un objet de luxe, car pour en faire une création durable, réutilisable, élégante, fidèle au sens et qui survit à l'épreuve du temps, il faut des délais raisonnables, des compétences et un tarif adapté.

Conclusion

Selon le vieil adage, le résultat obtenu est proportionnel au prix payé et la traduction ne déroge pas à cette règle. 

Un tarif de traduction juste n’est pas seulement celui qui permet au traducteur d’éliminer ses supposés concurrents car telle n’est pas sa mission. Sa mission consiste à parvenir à une qualité que le client mérite. Il s’agit de votre image, de la confiance qu’un contenu bien rédigé inspire à vos clients, et, in fine, de la satisfaction que procure aussi bien au client qu'au traducteur, un service fourni dans les règles de l'art.