Qu’est-ce que le métier d’interprète de conférence ?

Dans cet article, nous vous rappellerons les différentes terminologies du domaine de l’interprétation, les techniques enseignées pour maîtriser l’art de l’interprétation, pourquoi le métier d’interprète de conférence nécessite des années d’expérience et enfin, quelles sont les qualités nécessaires pour être un bon interprète. Bonne lecture…

Métier d’interprète de conférence

Rappel : que signifient interprétation, interprétariat et traduction simultanée ?

Avant d’aborder le métier d’interprète de conférence en tant que tel, une mise au point lexicale s'impose.

 

On parle souvent d'«interprétation», d'«interprétariat» ou encore de «traduction simultanée», pour désigner l'exercice auquel se livre un interprète pour faciliter la communication entre deux personnes parlant des langues différentes.

 

Un interprète, contrairement à un traducteur, donne l’interprétation d’un discours en même temps que celui-ci est prononcé par l'orateur. Il s'agit d'un exercice oral, dit simultané, qui a lieu le plus souvent dans une cabine insonorisée et qui se distingue de la traduction par son caractère évanescent. Attention cependant, l'interprétation n'est pas toujours simultanée, il en existe d'autres formes que nous aborderons dans un autre article.

 

La traduction qui consiste à transposer un texte, l'exprimer dans une langue différente, désigne dans notre métier un exercice essentiellement écrit. Contrairement à un interprète de conférence, un traducteur peut revenir sur sa traduction autant de fois qu’il le souhaite, pour la parfaire, trouver le mot le plus juste, en améliorer le style. Cela exclut toute notion de simultanéité et, par conséquent, l’expression « traduction simultanée » est quelque peu oxymorique, étant donné que l’on peut traduire un texte qui a été écrit il y a des siècles ou la veille.

 

Mais alors que désigne l'expression «interprétariat» ? Il s'agit tout simplement de l'appellation du métier exercé par l'interprète de conférence.

À ce jour, l’étymologie de ce mot demeure obscure. En toute logique, s'il avait suivi le même chemin que secrétaire devenu secrétariat, actionnaire-actionnariat, notaire-notariat, l'interprète aurait dû donner lieu à l’«interprétat» et non à l'interprétariat. Le mot a cependant été admis par le Robert et le Larousse qui le définissent comme fonction, métier, activité de l'interprète. D'après cette définition, l’interprétariat ne peut, lui non plus, être simultané, car il ne désigne pas l'exercice intellectuel lui-même, mais bien une carrière. Quant aux principales écoles qui forment les futures interprètes et traducteurs, elles proposent les sections traduction et interprétation et non traduction et interprétariat.

Le mot juste pour désigner le métier que tel que nous le pratiquons chez Cum Fide est donc celui d’interprétation de conférence.

Les techniques enseignées pour exercer le métier d’interprète de conférence

S’il parle en même temps que l’orateur, l’interprète de conférence traite le message qui lui parvient par l’intermédiaire d’un casque, soit de manière quasi simultanée, soit avec quelques secondes de retard, soit, aussi étonnant que cela puisse paraître, avec quelques secondes d’avance par rapport au discours original.

 

Pour arriver à cette prouesse, un apprenti interprète s’entraîne pendant sa formation, en effectuant toute une série d'exercices.

Il va ainsi « interpréter » d’abord un discours depuis sa langue maternelle… vers sa langue maternelle. Cet exercice que l'on appelle la paraphrase lui permet de se concentrer sur la technique, la difficulté de passage d’une langue à l’autre en moins.

 

Exemple : 

Un Boeing s'écrase en Russie, l'accident fait 50 morts. Paraphrase : 50 personnes ont trouvé la mort dans le crach d'un Boeing en Russie.

 

Il va ensuite s’entraîner sur des discours réels en langues étrangères en les écoutant et en essayant de les retenir, tout en faisant dans sa tête le compte à rebours de 99 à 1. Cet exercice appelé "dual task training" permet d'apprendre à traiter deux informations de manière parallèle en faisant appel à deux mécanismes d'analyse différents.

 

En fonction de la combinaison de langues, l’interprète doit s'adapter au rythme imposé par la structure de la langue source. Alors qu’en français le déterminant vient après le déterminé, en allemand c’est l’inverse, l'Union européenne - Europäischen Union. Pour savoir de quoi il est question dans un énoncé, l’interprète doit parfois attendre la fin de la phrase et peut se mettre facilement en retard par rapport au discours de l’orateur.

Pour parer à cette difficulté, il doit apprendre à anticiper l'argumentation et gagner quelques secondes d'avance sur le raisonnement de l'orateur, le futur interprète fera l'exercice de trous à remplir dans un texte dont les mots ont été éliminés. 

 

Exemple:

La gestion de la pandémie par le Premier ministre britannique _________ a suscité de nombreuses critiques à travers ________. Des inquiétudes renforcées par l’arrivée d’un __________ sur le sol anglais en décembre 2020. Récit.

 

En identifiant ainsi la logique d’une argumentation dans différents domaines abordés, l'apprenti interprète enrichit son vocabulaire et surtout sa culture générale et ce, dans toutes ses langues de travail. 

 

Les principales écoles d'interprétation dont sont issus nos interprètes, apprennent à ces derniers d'exercer ainsi leur mémoire, améliorer leur capacité d’analyse et leur culture générale car, vous l’aurez compris, la qualité de l’interprétation va dépendre de la rapidité avec laquelle l'interprète reformule l’idée de l’orateur et cela s’acquiert avec la pratique ! 

Pourquoi le métier d’interprète de conférence nécessite des années d’expérience ?

 

Pour atteindre un bon niveau dans le métier d’interprète de conférence, il faut plusieurs années d’expérience compte tenu des problématiques que nous allons vous présenter ci-après.

 

Bien qu’il soit tributaire de la syntaxe et de la structure d’une langue, l’interprète de conférence n’a certainement pas pour tâche de transposer un discours sur le plan syntaxique ou sémantique. Il ne suffit pas de connaître deux langues pour substituer l’une à l’autre, cela n’a aucun sens et ne peut aboutir qu’à un charabia inaudible qui n’a rien à voir avec le sujet traité. Ainsi, par exemple, l'expression "tal para cual" transposée d'une langue à l'autre donne "tel pour lequel" alors qu'il s'agit en réalité de l'expression "qui se ressemble s'assemble" ou alors "les deux font la paire", selon le contexte.

L’interprète de conférence écoute un discours, autrement dit, des paroles émises par l’orateur qu’il reçoit et transforme en pensée, et c’est bien cette pensée qu’il va interpréter et non les mots d’une langue. D’ailleurs ce ne sont pas des mots qu’il entend, mais les sons qu’il identifie comme appartenant à une langue et qui sont porteurs de sens. 

 

C'est ainsi que, après avoir analysé, compris et déverbalisé le message, et ce en quelques secondes, que l'interprète sera à même de bâtir un pont entre les systèmes culturels et linguistiques des langues source et cible et récréer une réalité que celui qui écoute son interprétation recevra de manière équivalente à celui qui écoute le discours d’origine. 

Cet exercice nécessite une grande gymnastique intellectuelle qui ne s’acquière qu’après des années d’expérience.

   

Prenons cet exemple. Pour restituer à un francophone l'idée qu'un anglophone exprime à travers la métaphore « Always ready to go the "extra mile"», l'interprète devra faire abstraction du vocabulaire "routier", d'autant plus qu'un francophone ne raisonne pas vraiment en milles terrestres.

 

Il dira alors, selon le contexte,  «toujours prête à faire ce petit extra pour vous aider», «prêt à donner le meilleur de vous-même», «fera toujours un effort supplémentaire» , «fera toujours ce pas de plus pour assurer votre succès», «prêt à faire des gestes supplémentaires» et les possibilités sont infinies.

 

Ainsi, l’interprète travaille sur une chaine sonore, plutôt que sur une langue, et restitue ce qui est exprimé non pas par cette chaîne sonore, mais à travers celle-ci. Un interprète qui exerce dans les règles de l’art fait s’évanouir le mot pour faire apparaître le sens. Cet exercice est impossible sans expérience et des années de formations et de pratique.

 

C’est en passant par un processus complexe d’analyse, de compréhension, de déverbalisation et de restitution que l’interprète parvient à restituer avec simplicité et clarté le caractère spontané d'un message.

 

Les qualités essentielles pour exercer le métier d’interprète de conférence ?

L’interprète de conférence doit tout d’abord avoir une soif insatiable d’apprendre et ce, à toute vitesse et dans tout domaine. Comme dit l’adage « un interprète ne sait rien, mais à part cela, tout ». Cela veut dire qu’il doit être capable de s’exprimer tel un professionnel du domaine dans lequel il interprète moyennant une recherche éclair effectuée au préalable.

Lorsqu’il n’est pas en cabine, l’interprète prépare son intervention, se documente, réunit le vocabulaire, essaye de comprendre les tenants et les aboutissants du sujet qu’il va traiter.

 

Dans la situation où il est la voix de l’autre, l’interprète de conférence se doit de rester neutre et de préserver la confidentialité de ce qu’il entend. Il n’affiche pas ses convictions politiques, religieuses ou autres et ne donne avis sur rien. Il ne s’agit pas d’un conseiller, tant s’en faut. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle il lui est plus facile d’interpréter un contenu contraire à ses idées, plutôt qu’un contenu qui le passionne naturellement. En effet, il est plus aisé de garder une certaine distance et une lucidité, de mieux analyser les idées auxquelles on n’adhère pas. Un discours qui fait écho à ses convictions comporte le risque d'« emporter » l'interprète et de laisser transparaître son point de vue sur la chose.

 

De la même manière qu’il s’abstient d’afficher son manque d’enthousiasme lorsque c’est le cas, l’interprète de conférence s’abstiendra de se comporter en « groupie » en présence d’une personnalité publique qu’il apprécie particulièrement. La modération, « ni trop, ni pas assez » sera sa devise, valable, par ailleurs, dans tous les domaines de la vie.

 

Sa grande culture générale doit lui permettre de se mettre dans la tête de celui qui parle pour être capable de dire ce que l’orateur aurait dit s’il parlait la langue de celui à qui il s’adresse.

CONCLUSION SUR LE MÉTIER D’INTERPRÈTE DE CONFÉRENCE

Le métier d’interprète de conférence est avant tout un métier de communication avec une forte composante humaine. Qu’il soit « caché » dans sa cabine, ou exposé sur le devant de la scène, l’interprète véhicule un message qui a vocation à répondre à une question ou préoccupation, à contribuer à résoudre un problème, en tous cas d’avoir un effet qui ne s’exerce pas uniquement à travers son interprétation à proprement parler.

 

L’interprète doit faire preuve d’une maturité qui lui permet de sentir ce qui se joue entre les principaux intéressés et de transmettre, au-delà de la langue, l’intention sous-tendue. C’est un métier, certes, exigeant et stressant, mais aussi passionnant et épanouissant.

 

Un interprète de conférence qui exerce dans les règles de l’art, comme c'est le cas des interprètes de Cum Fide, constitue un véritable atout pour vos échanges et sa présence discrète peut souvent influencer positivement le cours des choses. 

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